Le système craque et nous ne devons pas le restaurer à
l’identique, car il renferme des dangers encore plus grands que ceux du
Covid-19 :
- Les chaînes d’approvisionnement qui viennent de se rompre, parce que gérées à flux tendus avec des pays lointains, portent aussi en elles le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources.
- La déforestation et le trafic d’animaux sauvages, sans doute à l’origine du contact avec ce virus inconnu de nos systèmes immunitaires, sont également des causes majeures de l’effondrement de la biodiversité.
- La combinaison des gaz émis par les moteurs et de ceux issus des épandages agricoles produit des particules qui aggravent les effets du nouveau virus. Or, que ce soit séparément ou par « effet cocktail », leurs effets délétères sur l’ensemble des organismes vivants étaient déjà connus.
- La recherche de rentabilité de notre système de santé, qui a conduit nos soignants à travailler aujourd’hui dans des conditions indignes, illustre parfaitement les dégâts de la marchandisation de nos communs. Les services publics en général et la santé en particulier sont des communs, au même titre que l’air que nous respirons ou l’eau que nous buvons.
Ne nous y trompons pas, les oiseaux que l’on entend à
nouveau chanter dans les rues de Paris, ou les nuages de pollution qui
s’estompent sur les images des satellites, ne doivent pas nous laisser croire
qu’il suffit de tout arrêter quelques jours pour revitaliser la planète. Les
espèces disparues ne réapparaîtront pas, et les tonnes de CO2 que nous avons
déjà larguées dans l’atmosphère sont là pour un siècle. Mais en toute logique
et puisque les causes sont les mêmes, c’est en évitant de provoquer des catastrophes
écologiques que nous éviterons aussi de reproduire des catastrophes
sanitaires.
Il est donc temps d’enclencher une bonne fois pour toutes une
véritable transition écologique et solidaire, qui ne soit ni une
nouvelle tentative de négociation avec la nature, car la nature ne négocie pas,
ni une opération de marketing vert, car le climat n’est sensible qu’aux lois de
la physique. Si nos initiatives individuelles restent indispensables, surtout
répliquées à l’échelle de nos communautés comme tente modestement de le faire Bruges
Urgence Transition, elles ne suffiront pas. Dans un rapport récent, les ingénieurs de la société Carbone 4 ont en effet calculé
que les initiatives individuelles pouvaient au mieux constituer un quart des
efforts nécessaires pour contenir le réchauffement climatique dans les
limites de l’Accord de Paris. Selon eux, les trois-quarts manquants ne pourront
être obtenus que par l’action collective.
Si nous savions cela avant le Covid-19, il y a désormais urgence
à agir. Dès maintenant, nous devons contraindre nos dirigeants à changer,
enfin, le cap du navire humanité. Non plus seulement à freiner sa course vers
le prochain iceberg, mais à l’en dérouter. Ce sera rude, à en juger au peu
d’effet des manifestations populaires récentes, et notamment des marches pour
le climat. Ce sera parfois décourageant, comme cela l’a été pour un certain
ministre de l’écologie démissionnaire.
Pour nous aider à initier cette nécessaire pression
populaire, commencent à émerger des initiatives dont Bruges
Urgence Transition vous propose une liste au bas de cette page, ainsi que des
sources d’inspiration et des pistes de réflexion. Nous les enrichirons au fil
du temps.
Préparons maintenant la vie que nous voudrons mener demain.
Le président de BUT,
Didier Pouvreau
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